Une antenne-relais au paradis

Publié le par Françoise Andersen

Je vous ai déjà parlé de notre "petit paradis danois", où nous séjournons de mai à septembre. C'est un lotissement en pleine campagne, au bord de la mer Baltique. Il est composé de petites "maisons d'été" habitées seulement le week-end et pendant les vacances, la loi danoise interdisant de les utiliser comme résidence principale. Toutefois depuis quelques années il y a une exception: les retraités qui en sont propriétaires depuis plus de 5 ans peuvent s'y installer définitivement. Mais ils représentent une très faible minorité car la vie, l'hiver, est loin d'y être aussi facile que l'été.

 

Si vous êtes intéressés par notre petit paradis, voici le lien du premier article que j'ai écrit l'an dernier et qui a été suivi d'une dizaine d'autres sous le même titre.

Ce qui nous a séduits quand nous avons acheté notre maison c'est qu'elle est à 300 m à peine de la mer, ainsi que le fait qu'à part les "maisons d'été" cachées dans la verdure, il n'y a rien que la nature et des animaux sauvages, qui passent de temps en temps dans les jardins. : aucun commerce, restaurant, hôtel, camping, etc. Le bonheur à l'état pur, loin de tous les méfaits de la "civilisation".

 

Mais ceux-ci , que nous avions cru fuir. nous ont rattrapés avec le projet du Conseil syndical de ce lotissement en co-propriété d'installer une antenne-relais au beau milieu du lotissement. Déjà l'année précédente un "referendum" avait été organisé par le Conseil syndical, dont certains membres auraient aimé avoir une connection Internet bien plus rapide que celle qu'on obtenait grâce aux téléphones mobiles. Bien qu'il y ait eu une campagne de désinformation visant à faire croire aux gens qu'il s'agissait de leur sécurité, que s'ils voulaient appeler les secours, ils risquaient de ne pas pouvoir le faire, faute de réseau, une dizaine de personnes seulement sur plus de 200  avaient souhaité qu'on accepte la proposition d'un fournisseur d'Internet local d'installer une antenne-relais. En fait c'était un argument fallacieux. J'ai toujours pu capter le réseau. Même ceux qui ont parfois du mal peuvent sortir dans leur jardin pour téléphoner. De toute façon, au centre du lotissement, il y a un un téléphone fixe pour appeler les secours et les gens qui vivent là à l'année ont gardé leur ligne fixe en plus des portables.

 

Je croyais donc le projet abandonné, quand j'ai lu dans un bulletin du Conseil syndical que celui-ci avait  malgré tout signé un accord avec ce fournisseur lui allouant une petite partie des parties communes, qui appartiennent à l'ensemble des  membres du syndicat de propriétaires, pour y ériger une antenne, au coeur du lotissement. Mon sang méridional n'a fait qu'un tour et ça a été le commencement d'un long combat contre des moulins á vent !

 

Étant donné que, dans un délai de 2 mois avant l'Assemblée générale, on peut envoyer par écrit des propositions pour l'ordre du jour de l'Assemblée générale, j'ai immédiatement envoyé un courrier en disant que cet accord n'avait pas été ratifié par l'AG et j'ai demandé à ce que ce point soit soumis à un vote. Ma demande a été ignorée. Ne voyant pas ce point à l'ordre du jour, j'ai donc demandé des explications et on m'a répondu que le Conseil syndical n'avait pas jugé que ce point devait figurer à l'ordre du jour, étant donné que le fournisseur d'Internet n'était pas devenu propriétaire de ce "bien commun" mais en avait seulement obtenu la jouissance. Il n'y avait donc paraît-il rien d'illégal là-dedans.

 

Quelques propriétaires, qui avaient eu vent de ma contestation et qui comme moi ne désiraient ni que lotissement soit défiguré par cette construction, ni subir les conséquences d'ondes électro-magnétiques, dont l'absence de nocivité n'était pas prouvée, m'ont contactée. Parmi eu une dame dont le terrain jouxtait l'endroit prévu. Elle paniquait à l'idée qu'elle n'arriverait jamais à vendre sa maison avec une antenne de 25 m de haut à la limite de son jardin. Malheureusement la majorité silencieuse n'a pas réagi car une des caractéristiques du tempérament est de fuir à tout prix les conflits. Un ingénieur électronicien, dont les diplômes dataient du temps où les antennes-relais n'était pas encore au programme, est venu m'expliquer avec mépris et force détails techniques qu'il n'y avait pas plus de danger qu'en écoutant la radio. Bref on a essayé de me faire passer pour une folle. Pourtant j'avais lu beaucoup d'articles montrant qu'on avait  constaté un nombre anormal de cas de cancers parmi les élèves de plusieurs écoles sur lesquelles, quelques années auparavant, avait été installée une antenne-relais. Il y a  plusieurs articles à ce sujet sur Internet. Voici un des liens. Mais il y en a bien d'autres.

Étant donné qu'une fois que je suis bien remontée rien ne m'arrête, ma lutte a continué. Trouvant les agissements du Conseil syndical illégaux j'ai décidé de me tourner vers la mairie pour protester contre le fait que les habitants concernés n'aient pas été consultés. Une enquête publique s'impose normalement dans un tel cas, mais la commission chargée d'étudier l'affaire n'avait pas trouvé bon d'y avoir recours.  J'ai alors découvert qu'à sa tête il y avait un membre du Conseil municipal, propriétaire d'une maison dans le lotissement, qui était parmi ceux qui souhaitaient le confort d'une connexion Internet plus rapide. Mais je n'ai pas eu le temps de protester contre le fait qu'il soit à la fois juge et partie, car avant même que j'aie eu envoyé ma lettre, quelqu'un d'autre avait pris sa place à la tête  de cette commission, dans laquelle il n'était donc plus impliqué. La position de la mairie restait toutefois inchangée.

 

J'ai continuè à me battre en vain. Même après que l'antenne ait été installée j'ai espéré qu'elle allait disparaître,  car le contrat avec le fournisseur Internet stipulait que si l'opération n'était pas rentable, il enlèverait l'antenne à ses frais. Ce qui me faisait garder espoir, c'était que seulement une dizaine de propriétaires (membres ou proches du Conseil syndical) sur plus de 200 s'étaient abonnés. Mais à peine l'antenne installée, le fournisseur Internet, qui savait qu'il n'arriverait jamais à avoir assez d'abonnés, l'a louée à une grande société de téléphonie danoise. Nous en avons donc les inconvénients et aucun avantage. A moins de s'abonner chez eux, ce qui impliquerait un abonnement annuel, alors que 95% des propriétaires ne viennent que l'été et que le premier fournisseur (une petite entreprise locale) leur avait fait miroiter la possibilité d'un abonnement spécial "été" chez lui, nous n'avons quand même que la possibilité d'une connection lente avec nos portables.  

 

J'ai contacté la presse locale. Un jeune journaliste d'un journal de la région a immédiatement été intéressé et un grand article (plus qu'une page A4) a paru peu après, avec ma photo qui date de quand je me teignais encore les cheveux. J'avais demandé au photographe de me photographier de dos, de peur qu'une photo de face ne soit pas très flatteuse.   ;)

Une antenne-relais au paradis

Mais c'était un combat inégal, que j'ai perdu.

 

Avant l'installation de l'antenne, je dormais beaucoup mieux qu'à Thonon, souvent jusqu'à 10 heures d'affilée. Ce n'est malheureusement plus le cas. Je me réveille maintenant plusieurs fois par nuit. En échange, je dors mieux qu'avant à Thonon et je me suis aperçue qu'ils avaient enlevé des antennes, qui se trouvaient à moins de 200 m de chez nous, près d'une école.

 

La prochaine fois je vous parlerai de l'effet des portables sur les enfants.

 

À suivre ...

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C
Bonsoir, <br /> Ces antennes sont de vraies poison.<br /> Bonen soirée<br /> Bises
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B
Félicitations pour ta ténacité, même si le résultat souhaité n'est pas au bout.
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V
C'est moche, et tu as bien fait de te battre...<br /> Malheureusement, ton combat c'est le pot de terre contre le pot de fer si j'ai bien compris...
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C
Bonsoir Françoise, ces antennes relais fleurissent partout je trouve cela affreux et dénature la nature!<br /> Bonne soirée bisous
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