La Toussaint en été
Dans deux jours ce sera la Toussaint, mais c'est difficile à croire en voyant ce ciel bleu, ce soleil et mes géraniums encore en pleine forme parmi les bruyères qui , seules, rappellent qu'on n'est quand même plus en été.
Les souvenirs de Toussaint de mon enfance sont tous gris et tristes. On allait fleurir les tombes des grands-parents dans le cimetière de Creil, qui était triste à mourir, si je puis dire. On apportait des chrysanthèmes dont la durée de vie était en général seulement de quelques heures car, la première gelée de l'année leur était immmanquablement fatale, dans la nuit qui suivait.
J'ai été agréablement surprise, quand je suis arrivée au Danemark, de voir que les cimetières ressemblaient plutôt à des jardins. Le plus grand cimetière de Copenhague est même un lieu de promenade pour certains.
Mais c'est à la campagne que les cimetières sont les moins tristes. En voici deux de l'île de Lolland.
Ecole primaire de Martigny - chiendeuil
Nous nous promenions dans un petit village danois, quand mon attention a été attirée par un vieux labrador noir au museau grisonnant, qui s'approchait à pas lents de l'église. Comme beaucoup ...
http://zwook.ecolevs.ch/martigny/zwook/enfants/histoiresvraies/chiendeuil
Non seulement j'ai retrouvé cette vieille histoire du "chien en deuil", mais j'ai retrouvé également, dans mes archives, un poème qui avait été publié dans un forum (FranceForum), que je fréquentais depuis le Danemark, dans les années 90. C'est l'ami de l'auteur qui l'avait publié peu après la mort et la crémation de celui-ci, qui s'appelait Pierre. Je le trouve beau, alors je le publie à mon tour.
Je ne veux pas pourrir dans ma terre natale,
Ni devenir festin pour vers nécrophages.
Je préfère aux poissons, aux oiseaux être égal,
Et m'offrir des flots l'éternel voyage.
Je ne veux pas laisser mon nom sur une pierre
Que rongeraient la mousse et l'agonie des temps.
Je préfère l'océan aux sombres cimetières,
Ballotté par la houle ou poussé par le vent
Je ne veux pas de larmes et des fleurs de Toussaint.
Laissez-les aux jardins pour embellir la vie,
Moi j'aurai les coraux, le sable comme lit
D'aériennes méduses comme drap de satin.
Oubliez-moi bien vite, dès que vos mains auront
Déversé mon esprit dans le fol océan.
Laissez l'éternité mériter sa raison
Et s'envoler mon âme rejoindre le néant.
Les années passeront en me vêtant d'oubli,
En gommant du passé les traces de mes pas,
Car s'il n'en reste rien, j'aurai gagné ma vie
Et le droit de rejoindre l'Oméga et l'Alpha
PIERRE