L'arrière-grand-père joueur et gourmand
Étant donné que nous vivions en appartement à Copenhague dans les années soixante / soixante-dix, la chasse aux oeufs de Pâques avait toujours lieu à la campagne, chez le père de mon mari, qui habitait une maison avec un grand jardin.
Pendant que les enfants jouaient avec lui à l'intérieur, je me glissais en douce dans le jardin et j'allais cacher les friandises avec ingéniosité. J'avoue que j'y prenais beaucoup de plaisir, car c'était une sorte de jeu pour moi aussi.
Un jour, le lendemain de Pâques, mon beau-père m'annonce au téléphone que les enfants n'avaient pas tout trouvé. Il avait continué la chasse après notre départ et avait fait une bonne récolte. Malgré ses 90 ans il semblait heureux comme un gamin.
Alors je me suis donné ensuite du mal chaque année pour trouver certaines cachettes trop difficiles ou même inaccessibles pour les enfants. Je me faisais en même temps plaisir en imaginant sa joie quand il les découvrirait après notre départ. Il m'avait en effet avoué que dès que nous étions partis, il se précipitait dans le jardin pour faire sa chasse aux oeufs "oubliés".
Chaque année nous lui offrions - comme le veut la coutume danoise quel que soit l'âge - un gros oeuf rempli de chocolats, mais rien ne lui faisait autant plaisir que les modestes petites frriandises qu'il avait lui-même trouvées.
Certaines personnes ne perdent jamais leur âme d'enfant. Mon beau-père est mort à 93 ans, alors qu'il était encore, à l'intérieur, un grand gamin.